- EAN13
- 9782365190480
- Éditeur
- Société d’ethnologie
- Date de publication
- 16/12/2022
- Collection
- Conférences
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Le sacrifice est un dispositif symbolique qui assure la séparation non
seulement entre hommes et dieux, mais des hommes entre eux. En Chine,
l’organisation générale des offrandes au Ciel et aux ancêtres avec sa cuisine
mimant l’assaisonnement de tous les êtres dans le chaudron de l’univers, avec
sa communion autour du grand banquet sacrificiel, avec sa répartition en
cascade des restes déterminant classes et hiérarchies, vise à imposer un ordre
parfait à toute la terre sous le Ciel. C’est pourquoi Confucius a pu dire : «
Celui qui maîtriserait parfaitement l’ordonnance du grand sacrifice aux
ancêtres gouvernerait l’empire aussi facilement que je tourne la paume de ma
main », c’est aussi pourquoi il a pu servir de matrice à un régime absolutiste
et centralisé lorsque les collèges cultuels se sont trouvés vidés de leur
substance religieuse et de leur fonction sociale. L’immanence propre aux
gestes sacrificiels s’est convertie en pure transcendance de l’appareil
d’État. Si, comme a pu le dire Marcel Détienne, la notion de « sacrifice » est
une catégorie de la pensée d’hier, aussi arbitraire que celle de totémisme, il
n’en reste pas moins que le système sacrificiel chinois fournit un cas
exemplaire de sa réalité opératoire.
seulement entre hommes et dieux, mais des hommes entre eux. En Chine,
l’organisation générale des offrandes au Ciel et aux ancêtres avec sa cuisine
mimant l’assaisonnement de tous les êtres dans le chaudron de l’univers, avec
sa communion autour du grand banquet sacrificiel, avec sa répartition en
cascade des restes déterminant classes et hiérarchies, vise à imposer un ordre
parfait à toute la terre sous le Ciel. C’est pourquoi Confucius a pu dire : «
Celui qui maîtriserait parfaitement l’ordonnance du grand sacrifice aux
ancêtres gouvernerait l’empire aussi facilement que je tourne la paume de ma
main », c’est aussi pourquoi il a pu servir de matrice à un régime absolutiste
et centralisé lorsque les collèges cultuels se sont trouvés vidés de leur
substance religieuse et de leur fonction sociale. L’immanence propre aux
gestes sacrificiels s’est convertie en pure transcendance de l’appareil
d’État. Si, comme a pu le dire Marcel Détienne, la notion de « sacrifice » est
une catégorie de la pensée d’hier, aussi arbitraire que celle de totémisme, il
n’en reste pas moins que le système sacrificiel chinois fournit un cas
exemplaire de sa réalité opératoire.
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