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Stéphane R.

La fin d'un monde commun

Le Livre de poche

Conseillé par
9 août 2022

L'individualisme en question

Démonstration convaincante de l’évolution de l’individualisme. L’auteur retrace la naissance du concept au XVIII siècle en faisant référence à J. Locke et remonte époque après époque les mutations de cet individualisme qui de libéral, démocratique et émancipateur, se transforme sous l’effet du néolibéralisme, qui impose de nouvelles contraintes aux personnes et des nouvelles technologies qui donnent le sentiment de toute puissance, en tyrannie de l’individu. Cette évolution fait peu à peu se substituer au principe d’une communauté de citoyens unis par quelques valeurs fondamentales, celui d’une nuée s’en remettant avant toute chose à leur désir. Nous avons basculé d’une détermination par le passé, à laquelle il était devenu possible d’échapper grâce au progrès de la protection sociale et à la croissance économique, à une indétermination par l’avenir qui reporte sur l’individu des responsabilités relevant auparavant de la puissance publique. Nous sommes entrés dans une société de responsabilité de soi ; chacun doit agir par lui-même pour ne pas être exclu de la société et s’en sortir. De nos jours, nous passons de l’ère moderne ayant vu des citoyens chercher à affirmer leur singularité et à défendre leurs intérêts, mais tenus de se référer d’une manière ou d’une autre à un code de valeurs partagés, au stade d’une prolifération d’individus non pas isolés, mais autarciques. Il en découle un rejet, voir une haine viscérale de toute ce qui est majoritaire, dominateur ou universel, car perçu comme oppressif, injuste, discriminatoire. Ainsi la démocratie représentative ou les droits de l’hommes par exemples sont considérés comme des valeurs relevant d’un autre âge, qu’il faut savoir dépasser pour mieux affirmer les identités multiples de chacun. Il en résulte une atomisation, parcellisation de la société ou les individus se retrouvent seuls face à eux même, face aux autres et face à la société. Cette situation engendre beaucoup de violence car d’un côté l’individu est de plus en plus seul face à l’économie néolibérale et d’une autre coté, il se sent équipé pour réclamer réparation et rejeter l’autorité. Or la confiance en la société dépend de deux facteurs : premièrement la promesse tacite du pouvoir politique de ne pas violer le contrat social et d’œuvrer aux conditions de sa réalisation, en somme de protéger les citoyens. Deuxièmement de la capacité des individus d’accepter les règles du jeu de la société, les institutions représentatives. Mais de nos jours ces deux points posent problème : la parole publique est délégitimée et les individus ont la volonté de s’affirmer sans retenu, voire d’en découdre, en tous cas pensent qu’ils ne pourront s’en sortir que par eux-mêmes ce qui est paradoxal car par ailleurs ils attendent beaucoup de l’état en tous cas en France.

8,90
Conseillé par
18 mai 2020

Secrets de famille.

"C'est l'histoire banale et terrifiante d’un homme qui voulait épouser une femme pour de l'argent, qui en aimait une autre parce qu'il l'aimait et qui fut déporté dans un camp par son beau-père". C'est ainsi que l'auteur lui-même résume son récit à la p 342 de son livre. Nous assistons pages après pages à la découverte de ce lourd passé familial par le petit fils de ce déporté, ce qui lui permet de mieux comprendre sa famille et son père en particulier. Le thème est passionnant parce qu'il correspond aux interrogations des générations qui n'ont pas connus la guerre, mais si la partie I est bien ficelée, la deuxième partie est trop décousue et on s'y perd.

Conseillé par
18 mai 2020

Théorie du chaos

C'est la théorie du chaos que EES revisite dans ce roman. Si le livre est magnifiquement écrit et historiquement documenté, il souffre néanmoins de quelques longueurs et je le trouve parfois dérangeant. C'est peut-être d'ailleurs l'intention de l'auteur qui veut ainsi nous démontrer que la bête immonde est tapie au fond de nous, que nous sommes tous des Hitler en puissance et qu'un détail de notre existence peut nous faire basculer dans l'inhumanité. Je ne crois pas à cette thèse parce que je la trouve fragile et pessimiste. Hitler n'est certes pas une exception, mais n'est pas non plus représentatif du genre humain, même si l'expérience de Milgram semble démontrer le contraire...

Conseillé par
18 mai 2020

déconcertant

C'est le premier livre que je lis de cet auteur et sans contestation possible, l'auteur écrit fort bien. Il sait dégager et maintenir un suspens et l'intrigue tient en haleine. On a envie d'en savoir plus. Néanmoins le roman souffre à mon sens de quelques faiblesses de taille. Il ne nous apprend presque rien sur le moyen-âge à part quelques locutions latines. Il n'est pas happy end ce qui est dommage car c'est là, justement que réside la force de la fiction, cette possibilité offerte de faire vaincre le pot de terre contre le pot de fer et enfin il est déconcertant d'avoir rajouté une touche de surnaturel dans cette histoire. Pour finir, cette expérience de faire vivre l'apocalypse de Jean à un village reculé du sud de la France est étonnante. L'auteur ne manque pas d'imagination, mais c'est totalement déconcertant.

grandeur et décadence d'une idée

Le Livre de poche

Conseillé par
18 mai 2020

L’humanisme, un idéal trop élevé pour le commun des mortels.

C'est la conclusion désabusée à laquelle Stefan Zweig aboutit au travers de l'étude de la vie d'Erasme. L'auteur n'est pas un historien, mais il est d'une grande érudition et son ouvrage est captivant. On comprend vu son parcours et son époque pourquoi S.Z. s'est intéressé à cet humaniste qui prône la tolérance comme vertu absolue. Bien qu'admiratif d'Érasme, l'auteur pointe du doigts ses erreurs, son intellectualisme, son absence physique des débats qui secouent son époque lors des diètes de Worms et d'Ausbourg. Il est aussi réaliste. Il sait que la posture humaniste d'Erasme n'est pas la formule gagnante, mais qu'il reste un idéal à atteindre comme l'éthique chrétienne. L'humaniste est toujours en avance sur son temps.